Ne passez pas à côté de Carpentaria, le roman de l’écrivaine aborigène Alexis Wright
- Conference
- Review
Le roman magistral Carpentaria (Carpentarie) de l’écrivaine aborigène Alexis Wright a été choisi comme œuvre de tronc commun à l’agrégation d’anglais. C’est un choix historique pour le concours de l’Agrégation, car jusqu’à présent la littérature anglophone hors mondes britannique, irlandais et américain n’apparaissait que pour les épreuves d’option. Le colloque international sur Carpentaria organisé par l’Université de Bretagne Occidentale les 19-20 octobre 2021 fit office de journées pour les préparateurs de l’agrégation. Proposé en mode hybride, il permit à de nombreux intervenants internationaux de proposer des lectures novatrices de l’œuvre et de dialoguer avec les préparateurs, agrégatifs et enseignants-chercheurs français.
Alexis Wright est une figure de premier plan dans le monde littéraire, en Australie et dans les pays anglophones. Elle milite depuis de nombreuses années pour la souveraineté des peuples aborigènes et pour la reconnaissance des droits de l’environnement. Ses interventions dans les médias sur la question du réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources naturelles, ainsi que ses appels à abandonner la relation coloniale à l’environnement qui caractérise la civilisation industrialisée, sont très remarquées. Ses ouvrages ont été publiés en français par Actes Sud, qui a notamment publié deux ouvrages de l’autrice inédits en anglais. Alexis Wright compte parmi les autrices les plus étudiées dans les universités australiennes.
Carpentaria a remporté plusieurs prix littéraires prestigieux dont le Miles Franklin Award en 2007. Que ce roman figure en tant qu’ouvrage central au programme de l’Agrégation d’anglais pour son esthétique originale et novatrice, son aspect décolonial et sa résistance aux outils d’analyse littéraire occidentaux, est un événement important. Carpentaria familiarisera plusieurs centaines d’étudiants et futurs enseignants aux questions relatives au colonialisme, aux épistémologies aborigènes, à la décolonisation et aux formes actuelles de contrôle et de résistance en Australie (et ailleurs).
Outre les communications, le programme du colloque a comporté une conversation en ligne avec Alexis Wright, deux conférences plénières proposées par Jeanine Leane et Sandra Phillips, des personnalités universitaires et littéraires aborigènes, et une troisième conférence plénière par Temiti Lehartel, professeur agrégée autochtone de Polynésie française. Il a également inclus des lectures et performances poétiques des poétesses et auteur.rices aborigènes Ali Cobby Eckermann, Jeanine Leane, Romaine Moreton et Ellen van Neerven et un moment de lecture en anglais et en français par les auteur.rices et des élèves du lycée de l’Harteloire à Brest de lectures de textes des écrivains Anita Heiss, Philip McLaren et Kim Scott.
Ce colloque international sur Carpentaria a été organisé conjointement à un colloque sur les pratiques artistiques environnementales autochtones comme réponses à la pollution qui s’est également déroulé à Brest les 21 et 22 octobre 2021. Le programme de ce second colloque comprenait une conversion avec Alexis Wright sur son roman The Swan Book/Le Livre du cygne et une conversation avec Tara June Winch sur son roman The Yield/La récolte.